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CHARLES VILLIERS STANFORD

atteint le sublime en célébrant cet élément capital dans l’histoire de l’Angleterre et il était réservé à Stanford de réparer dans une louable mesure les défaillances de ses devanciers. Sa Revanche est un noble et légitime hommage rendu aux héros de la mer à qui l’empire britannique est redevable de sa grandeur. Son exaltation d’une race valeureuse de marins produit un effet irrésistible sur l’auditeur électrisé par l’énergie et l’animation viriles répandues dans la composition. On ne peut écouter sans une émotion intense les admirables strophes en l’honneur de l’indomptable marin Richard Grenville[1], vieux héros du temps de la reine Élisabeth, pendant que l’immensité rayonnante de la mer sur l’âpre bruissement des flots semble apporter l’éclat de son reflet à la musique évocatrice et triomphale à la gloire de la Marine anglaise.

Malgré son loyalisme britannique Stanford est resté irlandais de cœur, et l’Irish Symphony, Symphonie Irlandaise[2], op. 28, exécutée en 1887, est, sous une forme artistique exquise, son tribut à l’enchantement du pays natal. La Symphonie Irlandaise est pleine de la poésie et du romantisme de l’Île d’Émeraude. La verte nature celtique semble avoir mis sur elle une empreinte profonde et telle que le succès de l’œuvre

  1. Grenville (sir Richard), fameux capitaine marin (1541-1591). Ce vaillant guerrier se fit tuer sur son vaisseau La Revanche, près des îles Açores, après avoir tenu tête pendant quinze heures de combat à quinze vaisseaux espagnols.
  2. Symphonie Irlandaise en fa mineur, exécutée en 1887 à Saint-James Hall, à Londres, sous la direction du chef d’orchestre Hans Richter.