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CHARLES VILLIERS STANFORD

nal. Hélas ! cet espoir devait être entièrement déçu. Le public anglais, qui n’a jamais porté qu’un faible intérêt à l’opéra en général, est surtout antipathique à ce genre représenté dans la langue nationale. L’entreprise audacieuse de Carl Rosa reçut peu d’appui et, l’infortuné directeur étant mort quelque temps après, son plan de régénération de l’opéra anglais s’évanouit en fumée.

Malgré la dure déception qu’il avait éprouvée, Stanford ne perdit pas courage. Il sut trouver bientôt une autre issue à son activité et son tempérament d’irlandais robuste et énergique devait se plier à la circonstance avec la souplesse qui le caractérise. Ayant observé que la faveur exclusive du public se portait dans les concerts de musique anglaise vers le genre choral, il résolut de délaisser pour un temps la symphonie et l’opéra et de suivre avec attention cette forme populaire de l’art vers laquelle désormais il dirigeait son talent.

Son oratorio, The Three holy Children, les Trois Enfantas sacrés[1], op. 22, n’obtint pas un brillant succès ; mais l’Elegiac Ode, Ode Élégiaque, op. 21, d’après Walt Whitman, lui acquit une grande popularité musicale. Stanford, fidèle et fervent admirateur de Brahms, avait été l’un des premiers chefs d’orchestre introducteurs de sa musique en Angleterre et son Ode Élégiaque se présentait comme l’une des premières

  1. Suivant le livre de Daniel, Shadvach, Meshach et Abed-Nego sont trois enfants juifs qui furent jetés vivants dans une fournaise pour obéir au roi Nabuchodonozor (viie siècle avant J.-C.).