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CHARLES VILLIERS STANFORD

de la symphonie à la musique de chambre, du chant à la sonate avec une égale aisance. Sans doute, dans des circonstances favorables, il aurait pu montrer à ses compatriotes et admirateurs son aptitude naturelle à exceller dans chaque branche de son art si l’Angleterre, à cette époque, n’avait presque eu d’attention que pour l’oratorio ou d’autres compositions du même genre. Alors comme de nos jours, un compositeur national avait peu de chance d’obtenir une audition d’opéra et la culture de la musique d’orchestre qui, pendant ces trente dernières années, a atteint des proportions étonnantes grâce à la féconde influence de Hans Richter, d’Arthur Nikisch[1], de sir Henry Wood[2] et de plusieurs autres chefs d’orchestre réputés, n’avait encore qu’une faible vitalité. Pendant ce temps, il est vrai, Stanford composait opéra et symphonie ; mais ses efforts recevaient peu d’encouragement et, comme Thomas Gray[3] l’a chanté en vers pleins d’amertume,

La froide misère domptait sa noble ardeur
Et glaçait dans son sein un génial effluve.

Toutefois, dans le cas présent, la Misère doit faire place au Préjugé et à l’Ignorance. Stanford, qui avait terminé l’opéra The Veiled Prophet of Khorassan, le Prophète voilé de Khorassan, sur un poème de Thomas

  1. Nikisch (Arthur), compositeur de musique hongrois, né à Szent-Miklos, le 12 octobre 1855, élève de Dessoff et de Helmesberger.
  2. Wood (Henry-Joseph), compositeur de musique anglais, né à Londres, le 3 mai 1870.
  3. Gray (Thomas), poète anglais (1716-1771). Traduction française en vers libres.