Ce Racine en marbre blanc me fit réfléchir aux bizarreries du goût qui, dans la statuaire, n’admet comme purement classique que ce qui est faux.
À quelles incroyables interprétations prépara-t-on ainsi les chroniqueurs de l’avenir ?
Si, dans trois mille ans, l’on déterre cette statue, qu’en conclura-t-on ? Premièrement, que la température atteignait une telle élévation du temps de Racine, que les
poètes allaient récitant leurs vers à peine vêtus ; — deuxièmement, que la civilisation n’était guère avancée
au dix-septième siècle, puisque l’on portait encore des sandales et que l’on marchait les jambes découvertes ; —
troisièmement, que, depuis l’époque d’Homère jusqu’à celle de Louis XIV, l’art de se vêtir n’avait fait aucun
progrès, etc.
Si, au même moment, quelque archéologue, en faisant
des fouilles au cœur de Paris ruiné depuis bien des années, trouve les décombres de la Porte Saint-Martin et reconnaît le Ludovicus Hercule qui en orne la façade, — quelle concordance de témoignages ! quels curieux rapprochements ! Plus de doute, plus d’hésitation possible ; — les rares savants qui oseront avancer qu’au dix-septième siècle l’on portait hauts-de-chausses, justaucorps
et le reste, seront impitoyablement bafoués. L’Académie des inscriptions déclarera, s’appuyant sur des faits,
qu’on se couvrait d’une toge ou d’une peau de bète en plein règne de Louis XIV, et désormais ce jugement aura
force de loi.
L’Académie actuelle ne commettrait évidemment pas de pareils anachronismes. Dieu me garde d’insinuer cette