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ÉPILOGUE DES AMOURS DE RODOLPHE ET DE MIMI.

Quand les deux amis furent seuls dans la chambre voisine qui était sur le même carré, Marcel dit brusquement à Rodolphe :

— Eh bien, qu’est-ce que tu vas faire, maintenant ?

— Mais, balbutia Rodolphe, je ne sais pas.

— Allons, voyons, ne lanterne pas, va rejoindre Mimi ; si tu y retournes, je te prédis que demain vous serez remis ensemble.

— Si c’était Musette qui fût revenue, qu’est-ce que tu ferais, toi ? demanda Rodolphe à son ami.

— Si c’était Musette qui fût dans la chambre voisine répondit Marcel, eh bien, franchement, je crois qu’il y a un quart d’heure que je ne serais plus dans celle-ci.

— Eh bien, moi, dit Rodolphe, je serai plus courageux que toi, je reste.

— Nous le verrons parbleu ! bien, dit Marcel qui s’était déjà mis au lit ; est-ce que tu vas te coucher ?

— Certes, oui, répondit Rodolphe.

Mais, au milieu de la nuit, Marcel s’étant réveillé, il s’aperçut que Rodolphe l’avait quitté.

Le matin, il alla frapper discrètement à la porte de la chambre où était Mimi.

— Entrez, lui dit-elle ; et en le voyant elle lui fit signe de parler bas pour ne pas réveiller Rodolphe qui dormait. Il était assis dans un fauteuil qu’il avait approché du lit, sa tête posée sur l’oreiller à côté de celle de Mimi.

— C’est comme ça que vous avez passé la nuit ? demanda Marcel très-étonné.

— Oui, répondit la jeune femme.

Rodolphe se réveilla subitement, et, après avoir embrassé Mimi, il tendit la main à Marcel, qui paraissait très-intrigué.

— Je vais aller chercher de l’argent pour déjeuner, dit-il au peintre, tu tiendras compagnie à Mimi.

— Eh bien ! demanda Marcel à la jeune femme quand ils furent seuls, que s’est-il passé cette nuit ?

— Des choses bien tristes, dit Mimi, Rodolphe m’aime toujours.

— Je le sais bien.

— Oui, vous avez voulu l’éloigner de moi, je ne vous en