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LES NUITS D’HIVER.

son calice et lui parler plus près de mon amour. — Chez vous, l’amour est un perpétuel andante ; — chez nous, c’est un allégro vivace. »

Un jour, L’Italien plaisantait son ami sur sa mélancolie obstinée :

« Gageons que vous êtes triste à cause des cruautés de votre amoureuse, lui dit-il.

— Je suis trop jeune pour connaître l’amour, et je suis trop noir pour avoir une amoureuse, » avait répondu le poëte en étouffant un soupir.

Cependant le scarabée ne tarda point à s’apercevoir des sorties matinales de son compagnon, et en revint à son idée qu’il y avait quelque amourette sous l’herbe.

« Il faut que je m’en assure, se. dit-il un jour. Je m’arrangerai de façon à lui épargner ma rivalité, qui ne laisserait pas d’être dangereuse. »

Et, en faisant cette réflexion, l’Italien se mirait dans une large goutte d’eau, et comparait son riche corsage azuré aux ailes noires et aux humbles allures de son compagnon.