sion, lorsque tout à coup, d’un commun accord, nous nous reposâmes sur nos piolets pour regarder chacun le « vieux clocher » devant nous. Le soleil levant venait juste de toucher son sommet et la neigeuse Arête de Zmutt flambait d’une lumière rutilante. Nous suivons les rayons rouges du soleil qui descendent en rampant jusqu’à ce qu’ils aient atteint le large glacier en dessous, alors Burgener plante son piolet dans la neige et nous accolons la pente : le jour avait commencé.
Nous prenons franchement à droite pour arriver à une sorte de col qui mène de ce petit glacier sur le large bassin du Glacier de Tiefenmatten. Ce dernier se trouve un peu au-dessous de nous ; mais, en traversant le long des pentes de neige amassée contre le Cervin, cela nous permet d’éviter de perdre beaucoup de hauteur ; graduellement le glacier s’élève ainsi à notre niveau. Tout en restant près des terribles falaises de notre gauche, nous atteignons la rimaye, et pouvons enfin examiner la première partie du problème que nous avons à résoudre. Il était certain que la lèvre supérieure de la crevasse était inaccessible à un assaut direct. Cela aurait-il même été possible, que deux grosses masses de rocher auraient barré la pente à environ cent mètres au dessus, masses que surmontait la glace en une énorme bosse vert-sale qui formait un obstacle absolument imprenable. À la droite de ces masses rocheuses, mais séparée par une étroite pente, se trouvait une troisième masse, surmontée elle aussi d’un toit de glace en saillie. Il nous apparut comme tout à fait évident que la seule route pour arriver au couloir était de remonter la pente entre la seconde et là troisième bosse. Heureusement un gros sérac était bonnement venu former pont sur la rimaye, non pas à la vérité exactement au-dessous de notre direction, mais pas trop loin sur la droite.