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LE COL DU LION

notre expédition allait en être retardée temporairement. Pendant ce temps je recueillis des informations très défavorables sur notre couloir.

M. Whymper, l’examinant du haut du col, le décrit en ces mots[1] : « D’un côté une muraille à pic surplombe le Glacier de Tiefenmatten… Jetez une bouteille sur le Tiefenmatten, aucun son ne vous revient avant une douzaine de secondes. »

« … Combien effrayant et vertigineux il est de jeter les yeux si bas, » dit le poète.

Puis, dans les « Heures d’exercices[2] », je rencontre le passage suivant : « De l’autre côté » du Col du Lion « une face escarpée tombe droit au Nord sur ce que nous savions être le Glacier de Zmutt. Les quelques espérances que j’avais eues de faire de cette brèche un passage du Breuil à Zermatt s’évanouirent immédiatement. »

Fort heureusement ma confiance en Burgener était à la hauteur de ces coups de boutoirs, et j’avais l’assurance qu’une fois partis pour cette expédition nous la mènerions à bonne fin.

Le lundi, 5 juillet, Burgener arriva comme il l’avait promis, mais il était fatigué de sa course en pleine chaleur, et peut-être bien aussi du festoiement des funérailles, qu’il me parut avoir suivi avec force et persistance. Nous décidâmes en conséquence de partir à dix heures du soir de Zermatt même, au lieu d’aller coucher au Stockje en vue de couper l’expédition du lendemain. Après la table d’hôte, je pensai qu’une courte sieste ne ferait pas mal, et, ayant averti le portier de l’hôtel de me réveiller à neuf heures et demie, je m’en allai dormir.

  1. Scrambles amongst the Alps in the Years 1860-1869, par Ed. Whymper ; London, 1871 ; Édition anglaise, p. 90-1 ; francaise, p. 90. — M. P.
  2. Hours of Exercise in the Alps, par John Tyndall ; London, 1871. — M. P.