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L’ARÊTE DE FURGGEN

avait-il pas de l’or dans la vallée de Macugnaga ? Et s’il y avait de l’or d’un côté du Mont-Rose, pourquoi n’y en aurait-il pas de l’autre côté ? Du reste, il demeurait évident que le seul procédé par lequel l’or se pouvait créer était en se « wachsenissant » (si c’est là le dérivé correct), et que si cela arrivait à Macugnaga, pourquoi pas aussi à Zermatt ? Il apparaissait donc certain que dans cette période de croissance, il devait se montrer errant, exactement comme la petite lumière que nous avions vue. J’étais préparé à accepter toutes ces explications, mais je ne pus pourtant pas convenir que, dans cette phase de croissance infantile, l’or fut capable de faire sur le glacier des promenades aussi idiotes et sans but. D’autre part, je fis remarquer que l’endroit était aussi bien choisi que possible pour être la demeure d’un dragon, et que les mouvements que nous avions vus paraissaient être exactement ceux que l’on sait entrer dans les habitudes de ce reptile. Les guides furent déplorablement sceptiques à cet endroit, et, même avec des indications authentifiées par Scheuchzer pour me soutenir,ils ne voulurent pas admettre l’existence de ce très intéressant animal[1].

À notre arrivée à Chamonix, un ami vint se joindre au débat et projeter sur le problème une nouvelle et décisive lumière. Une école de jeunes filles, avec ses maîtresses et leurs attirails paraphernaux d’étude et de curiosité, avait séjourné quelques jours à Zermatt. Désireuses d’acquérir la connaissance étroite et intime du glacier, elles étaient allées se promener au Gorner et s’étaient éparpillées sur la glace. Une des jeunes filles, douée des instincts innés

  1. Όνρεσιφοίτης Helveticus sive Itinera per Helvetiee Alpinas Regiones facta annis MDCCII ad MDCCXI, par J.-J. Scheuchzer. Nouvelle édition (Leiden, 1723) de son voyage de 1706, illustrée de figures des plus curieuses, parmi lesquelles d’invraisemblables dragons que l’on rencontre sur les glaciers — M. P.