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VI
PRÉFACE DU TRADUCTEUR

et les chapitres qui ont trait à l’expédition du Caucase sont parfaits. Au chapitre XIII notamment, la description de la vallée de Mujal, de ses vieilles forêts, de ses longues chaînes de pâturages dominées par l’Ush-ba aux deux têtes, est de tous points excellente ; excellentes aussi ces observations humoristiques sur l’hospitalité du Starshina ; l’auteur y atteint parfois à l’intensité d’expression des vieux aèdes, et le récit de sa réception à Mujal, avec ses « jeunes gens aux pieds légers », πόδα ώχύζ, fait penser aux scènes d’Homère.

Un des principaux dons de Mummery est l’humour ; il a au plus haut point cette qualité de sa race, cette gaîté d’imagination qui se traduit à froid. Il exploite admirablement cette veine comique et nous présente parfois des scènes vraiment drôles, telle son amusante façon de décrire au chapitre II le procédé par lequel l’or se peut créer. Très sceptique, comme il l’avoue lui-même en plusieurs endroits, il se moque des superstitions, parfois même de la foi de ses guides ; mais qui pourrait lui en tenir rigueur ? il le fait avec tant d’esprit ! Du reste, tout en se moquant et en se jouant, il atteint parfois à de fort intéressantes constatations des croyances populaires. Il est aussi le premier à se railler lui-même en maints endroits : avec une modestie absolue, il nous parle, dans son chapitre des Charmoz, d’une « erreur ridicule » commise par lui dans la conduite de la route, lors de son ascension du Mont Blanc par la Brenva, et il faut lire