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L’ARÊRTE DE ZMUTT

avoir mis dans le sac. Nous préparâmes alors une de nos nombreuses bouteilles pour y mettre dûment nos noms et nous la cachâmes soigneusement dans le cairn. Ce devoir rempli, et Burgener ayant emprunté la pipe de Gentinetta qu’il ne rendit, naturellement, que lorsque nous fûmes de retour à Zermatt, nous commençons l’ascension de la face Ouest. Nous prenons par le travers sur une courte distance, et, tournant droit à la pente, nous escaladons des dalles rocheuses, verglassées et en équilibre instable. À tout prendre, elles ne sont pas difficiles et nous avançons rapidement. Nous eussions probablement trouvé meilleure route sur la droite, mais Burgener ne voulait pas, avec raison, aller dans cette direction, car elle nous eût amenés trop au-dessus de l’autre caravane. Même à l’endroit où nous étions il insistait pour que nous prissions le plus grand soin d’éviter les chutes de pierres. J’ai appris plus tard de Penhall que sa caravane était trop loin sur la droite pour avoir rien à craindre des rochers détachés par nous, et que des deux ou trois blocs que nous délogeâmes aucun ne se fit voir ou entendre d’eux.

Après quelques bonnes escalades, nous atteignons un point d’où il nous paraît possible de regagner l’Arête de Zmutt, mais Burgener n’en a pas l’absolue certitude et, comme il apprend que Carrel a jadis traversé sur une corniche plus élevée, il préfère prendre cette direction. Nous avons bientôt gagné cette corniche, le fameux « Corridor » des premières ascensions du Breuil, et nous ne trouvons à la suivre aucune difficulté, à part qu’elle nous barre l’accès du sommet. Petrus est promptement envoyé à bout de corde pour voir si le dernier pourra descendre sans aide. Étant acquis que c’est impossible, notre seconde corde est dépliée. Un temps assez long est dé-