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XXXIX
A. F. MUMMERY

à ses dernières limites. Les Himalayas sont construits sur une tout autre échelle que les Alpes, le Caucase et les autres montagnes aux neiges éternelles. Les phénomènes glaciaires y ont une intensité qu’ils n’ont nulle part ailleurs. Et Mummery savait bien qu’en s’attaquant à elles il s’attaquait à des problèmes inconnus, qu’il allait y courir des dangers nouveaux et certains, s’exposer à des chutes d’avalanches « capables de balayer des villes entières ». Certes, il pensait en venir à bout, grâce à sa connaissance de la montagne, mais il était prêt aussi à payer de sa vie ses expériences de pionnier. Avec une grande sûreté de coup d’œil il choisit au Nanga Parbat une route d’ascension, il mena l’attaque avec une habileté consommée, il arriva très haut, 1.700 mètres seulement en dessous du sommet, ayant passé les endroits les plus difficiles. Le malaise d’un guide, puis le mauvais temps l’arrêtèrent seuls dans cette formidable expédition. Et peu de jours après, dans un passage de col, quelque avalanche colossale, que Mummery ne pouvait peut-être pas même prévoir, franchit les ressauts qui en cachaient l’imminence et ensevelit le « grimpeur fidèle ». « En montagne, » nous dit-il dans les dernières lignes de ce livre, « c’est l’inattendu qui arrive toujours. »

Mummery était homme à envisager en face le danger qu’il courait, il savait qu’il n’est pas possible d’« éviter invariablement tous les risques ». Mais il n’est pas homme à renoncer « même s’il est la victime dé-