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DE L’ALPINISME

Ne supposez pas que je sois un avocat de l’alpinisme solitaire. Il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance approfondie de la moyenne des amateurs pour savoir que neuf sur dix se casseraient le cou s’ils voulaient sérieusement le tenter. Tout ce qu’il y a à dire, c’est de préciser, à ceux qui désirent aller sans guides, la façon dont ils doivent chercher des compagnons de confiance. La méthode d’ascensionner des pics entre deux guides est certainement très recommandable ; mais ses fervents doivent être évités par ceux qui aspirent à attaquer les grandes arêtes, confiants exclusivement dans leurs bras vigoureux et dans leur expérience lentement acquise.

La corde devrait être regardée par chaque membre de la caravane, exclusivement comme une aide et une protection pour son compagnon. Ceux qui sentent son emploi constant comme essentiel à leur confort propre devraient, comprendre avec une indiscutable évidence, qu’ils sont engagés dans des expéditions trop difficiles pour eux ; pratique qui ne fera jamais d’eux de bons grimpeurs confiants en soi. Être capable de marcher librement et en sécurité sur une pente de montagne, devrait être l’objectif de tout jeune alpiniste. À l’occasion, dans un mauvais pas, il peut légitimement demander à son compagnon de faire attention à lui, et même de lui donner une aide effective ou de le sauver d’un désastre s’il glisse, mais cette aide ne doit être que tout à fait exceptionnelle. S’il s’aperçoit que, dans chaque course, il a constamment besoin de cette protection, il devra franchement reconnaître qu’il tente un travail pour lequel il n’est pas fait.

Le Cervin nous fournit un curieux exemple de la manière dont le niveau des alpinistes amateurs modernes est en train de baisser. Les premiers grimpeurs s’encordaient à