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PLAISIRS ET PÉNALITÉS

est aisément résolu. Une de ces cordes est garnie de deux brides, l’une près de chaque grimpeur. Dans le cas d’un bris de pont de neige, et aussitôt que la chute a été arrêtée, le grimpeur restant plante son piolet dans la neige, se rend libre de la corde aux brides et glisse sa bride par dessus la tête du piolet. La position se trouve maintenant la suivante : l’homme qui est dans la crevasse est soutenu par la corde fixée au piolet ; autour de sa taille se trouve une seconde corde passée aussi autour de la taille de son compagnon et soutenue par lui. Celui qui est dans la crevasse tire sur la corde fixée au piolet, et celui qui est au dessus tire sur la corde passée autour de la taille de son compagnon ; en d’autres termes, deux hommes travaillent pour en hisser un seul. Chaque avance est assurée et rendue permanente par l’homme qui est au dessus, qui n’a pas de corde flottante dans les mains, mais qui s’éloigne de la crevasse, pas à pas, au fur et à mesure que son compagnon s’approche du bord. Arrivé à ce point où les cordes ont profondément coupé la neige, celui qui a été englouti n’a plus qu’à se laisser aller de tout son-poids sur la corde qui passe autour de sa taille, il peut alors secouer l’autre corde, la libérer de la neige, la reprendre un peu plus loin, et, peu à peu, se sortir lui-même de la crevasse.

Puisque la corde ainsi employée est une sauvegarde absolument effective contre ce danger — aussi effective peut-être que la corde employée de la façon habituelle par une caravane de trois — on admettra que ceux qui ont une tendance constante et irrésistible à plonger dans les profondeurs bleues des crevasses feraient sagement de voyager avec deux compagnons ou plus. Un cabestan léger et portatif serait peut-être un judicieux placement pour les forces supplémentaires et inemployées que pareille cara-