Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
312
PLAISIRS ET PÉNALITÉS

Un examen soigneux de tous les événements qui peuvent assaillir le montagnard sur des pentes très rapides nous amènera à la conclusion qu’une caravane de trois ou de quatre est aussi souvent trop nombreuse qu’une caravane de deux l’est trop peu. Les pertes de temps et le danger des pierres détachées, et même la glace et la neige enlevées pendant la taille des marches semblent à peu près contrebalancer les avantages d’un plus grand nombre.

Ces avantages consistent principalement en ce que, dans certains endroits, quand le second prête au chef de la caravane l’appui de ses épaules, le troisième peut tenir tout le monde en accrochant la corde ; ou encore, lorsque la lèvre supérieure de la rimaye est presque hors d’atteinte, un troisième peut apporter son aide effective en hissant et en soutenant le premier sur les épaules de son compagnon pendant que les marches nécessaires sont taillées. Il est aussi à désirer que, dans toutes les expéditions où il y a souvent à venir à l’aide du premier, le second soit libéré et désencombré du sac, de la corde de secours, etc., et ceci comporte nécessairement un troisième pour servir de porteur. Il semble donc que, tant que nous avons à considérer les fortes pentes, le nombre des participants devra être adapté à la nature de la course, et que l’on ne devra pas tenter d’enfreindre aucune règle déterminée et importante.

La plus forte objection à l’escalade de deux hommes seuls est peut-être dans la croyance commune que si l’un tombe dans une crevasse, son compagnon sera incapable de l’en retirer. Si l’on examine cette supposition peu agréable, on pourra remarquer d’abord qu’il n’y a pas de raison d’y tomber. Qu’un individu tienne à aller se balancer dans une crevasse noire et froide, est un des