et toujours pessimiste, me presse de ne pas perdre de temps en recherches infructueuses, « car, » dit-il, « non seulement le sac est réduit en atomes, mais il est nécessairement enseveli dans les profondeurs d’une crevasse ». Il n’y a pas besoin de dire que je persiste et que, après quelques vigoureux efforts, j’arrive enfin à atteindre mes trésors réunis. Je les rapporte en triomphe, à la confusion des pessimistes et à la déroute définitive des lamentations prophétiques. Une halte est décrétée à l’unanimité pour fêter le retour de l’enfant prodigue ; la précieuse provision de tabac est tirée de sa retraite, et, accalmis par les douceurs du feu sacré, nous tombons d’accord que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Au moment de reprendre la descente, nous nous trouvâmes dans une position présentant quelque difficulté. Il devenait certainement très dangereux, si même c’était possible, de rester plus longtemps sur la rive gauche du glacier. Immédiatement au dessous, un courant glaciaire, tributaire des grands champs de neige qui sont sur l’arête bissectrice des vallées d’Adyr et de Bashil, se précipitait par dessus un mur peu élevé de rochers en une série presque ininterrompue d’avalanches qui menaçaient le voyageur d’une destruction complète. D’un autre côté, toute tentative pour atteindre le centre du glacier paraissait presque impossible. En face de nous la glace était crevassée de la plus extraordinaire façon ; de vraies lames de couteau et des plaques de glace pourries alternaient avec les profondeurs bleues des vastes crevasses. Contrairement à la fissuration ordinaire des glaciers, où les crevasses peuvent être considérées comme divisant dans leurs cassures de la glace solide, ici il semblait n’y avoir qu’une seule et unique grande crevasse délica-