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LE BEZINGI VSER

donner accès à une grande région glaciaire d’où nous considérions pouvoir atteindre les hautes arêtes de notre montagne. Dans leur ensemble nous regardions nos chances de succès comme assez bonnes, nous revînmes donc à notre camp dans le meilleur état d’esprit.

Le lendemain matin de bonne heure le feu est allumé, le thé fait, et notre frugal repas de pain noir dûment consommé. Nous laissons nos objets de campement soigneusement paquetés dans les sacs imperméables ; nous partons à grands pas puis nous escaladons les pentes dans la direction du plateau que nous avons marqué comme notre premier objectif.

Les falaises se montrent meilleures que nous ne croyions et nous prenons espoir à constater la facilité avec laquelle nous voyons s’abaisser au dessous de nous les crêtes environnantes. Arrivés au plateau, nous nous trouvons en dessous d’un énorme mur de roc garni de glace qui forme l’arête séparant le ressaut, sur lequel nous sommes, d’un vaste glacier qui s’écoule presque du sommet du Shkara dans le glacier que nous avions descendu le jour précédent. Tout en côtoyant notre ressaut, nous avançons gaiement jusqu’à un grand contrefort de rocher noir, projeté de l’arête, et qui l’interrompt partiellement. Ou il nous fallait tourner ce contrefort, procédé entraînant une descente considérable, ou bien il nous fallait escalader jusqu’à l’arête et la suivre. Comme nous croyons avoir déjà couvert dans notre marche une grande quantité de terrain, comme nous pensons être certainement déjà à une grande hauteur, nous concluons que nous devons être quelque part dans le voisinage du sommet. Agissant d’après cette supposition, complètement erronée comme nous nous en apercevrons plus tard, nous tournons vers la falaise et nous voici bientôt engagés dans un travail réel-