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LE DYCH TAU

la montagne dans les bras de quelque fidèle adorateur.

Le dernier mouvement terminait à peu près nos difficultés. Quelques minutes plus tard nous retrouvions notre sac et nous avions bientôt fait de bousculer son contenu. Notre porteur était encore assis sur le col, nous regardant, et Zurfluh se remémorant les habitudes des guides suisses quand ils sont dans le pays d’en haut, m’assurait qu’il aurait certainement fini toutes les bribes de provisions restées au camp. Nous répondons néanmoins a ses cris par de bruyants jodels et aussi en brandissant triomphalement nos piolets. Notre lunch se termine sommairement par la consommation complète des provisions ; nous rembourrons avec la corde le sac vide puis nous recommençons à descendre. Nous allons rapidement jusqu’à ce que nous ayons atteint le couloir. La glace y était tellement pourrie, et la plus grande partie en était si mal soudée aux rochers et à la couche de glace sous-jacente, le couloir tout entier devait être si certainement balayé par les chutes de pierres, que nous nous refusâmes à l’unanimité à suivre nos traces du matin. Mon impression est que, toutes objections à part, Zurfluh n’était pas précisément enchanté de descendre le remarquable escalier qu’il avait escaladé. Traversant le couloir, nous nous jetons vers le rocher et découvrons une cheminée à pic et verglassée que nous entreprenons de dégringoler. Après avoir regagné notre route du matin nous nous hâtons gaîment vers la ceinture des rochers rouges. Avoir en poche le sommet d’un pic vierge donne force et vitesse même au maladroit ; pour moi, je traîne mes guêtres derrière Zurfluh aussi vite que je puis. Notre porteur en vient bientôt à la conclusion que l’intérêt du jeu n’y est plus : nous le voyons alors se lever et descendre les pentes avec circonspection. Un peu plus tard, pensant