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LE DYCH TAU

nous coûte de précieuses minutes, que nous retournons au couloir.

Des grimpeurs, à la critique facile, ont soutenu parfois que j’avais l’habitude de tailler des marches assez espacées. Je voudrais que ces chicaneurs aient vu les marches d’escalier de Zurfluh. Il a l’habitude, à lui particulière, de ne tailler des marches que pour son pied gauche, son pied droit ayant la faculté d’adhérer fermement sur la glace absolument lisse, ce qui lui permet ainsi, par une combinaison de saut et de tortillement, d’enlever son pied gauche d’une marche solide pour le porter sur une autre 1m,80 plus haut. Il me montra gentiment comment il faisait et me pressa d’imiter son procédé, tout en me faisant remarquer combien de temps cela nous épargnait. Mais comme la moindre erreur nous aurait amenés à faire désagréablement connaissance avec le glacier en dessous, je préférai tailler les marches intercalaires ; et même alors il me fallait faire une gymnastique des plus ardues pour grimper de l’une à l’autre. Heureusement une vingtaine de minutes de ces exercices violents nous amena à un endroit où nous pûmes quitter le couloir pour la pente à notre droite. Un rocher dur, solide, nous conduisit allègrement au dessus, à une grande arête secondaire. Cette arête divise la face Sud du pic en deux parties bien marquées : à l’Est se trouve le grand couloir qui va de la base de la montagne au col situé entre les deux sommets, et au delà il y a encore les interminables séries de contreforts et de couloirs qui se déploient vers le Mishirgi Tau ; à l’Ouest se trouve la falaise moins découpée, qui rejoint l’arête Sud-Ouest. Nous travaillons à remonter cette arête secondaire, tantôt sur une face, tantôt sur l’autre, jusqu’à ce que nous soyons arrêtés au point où elle bombe en dehors et culmine en un énorme rocher qui, comme