Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
LE DYCH TAU

la surface unie duquel je marche gaiement. Mais peu après un brouillard épais se répand sur la vallée et me donne à penser que je pourrais bien ne pas trouver le chalet, car je n’ai malheureusement qu’une vague idée de l’endroit où il peut être. Dans la crainte de le manquer je choisis à tâtons ma direction à travers un enchevêtrement de crevasses sur la rive gauche, puis j’explore un alpage sans le moindre habitant. Sous un gros bloc je trouve une excellente caverne. Là où les murs naturels ont fait défaut, on en a habilement bâti en pierres sèches, et le tout est large, propre et sec. C’est sans aucun doute le meilleur abri qu’on puisse trouver au dessus de Bezingi. Pourtant il n’y a pas un mouton dans les pâturages, et pas le moindre Zurfluh, berger ou porteur ; je n’ai donc plus qu’à revenir de nouveau sur le glacier, ici tourmenté et déchiré, dans le plus sauvage désordre. Après une lutte prolongée et de nombreuses marches taillées, je trouve une seconde oasis. Celle-ci paraît aussi, inhabitée et je commence à penser qu’il me faudra revenir à la caverne que j’ai découverte précédemment, lorsque, en contournant un gros rocher, j’entends le bienvenu bêlement des moutons et je tombe presque dans les bras de Zurfluh. Il avait été très alarmé de mon sort. Grâce à son interprétation des plus erronées de la route à suivre il s’était écarté considérablement de sa direction pour prendre les séracs exactement dans l’endroit le plus mauvais et Je plus crevassé. Croyant que cet affreux passage était le seul praticable, il avait conclu avec assez de raison qu’il avait dû m’arriver quelque accident inouï.

Après nous être rassurés mutuellement, je demande à Zurfluh de me conduire au Kosh tant vanté. Nous avons tout d’abord quelque difficulté à en découvrir l’emplacement, mais le berger vient à notre aide et nous conduit