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LE DYCH TAU

nement une montagne de 5.198 mètres ! Il est pourtant désirable de voir ce qu’il y a derrière le Glacier de Misses[1], en sorte que je limite mes protestations et que je suis les pas rapides de mon guide. Nous prenons un long couloir séparé du Glacier de Misses par une basse arête rocheuse. Après en avoir atteint la tête nous aurions dû traverser le glacier, mais nous n’avions aucune attraction pour ces longues pentes de neige qui nous auraient conduits au faîte d’une arête sur laquelle nous pensions, à tort, je crois, trouver de la glacé vive.

En conséquence, nous prenons les rochers à notre gauche, et, à 8 h. mat. environ, nous atteignons un endroit où il sera peut-être possible de traverser la grande pente ; malheureusement j’ai encore, bourdonnant dans mes oreilles, le sifflement du train, et dans tous les muscles l’amollissement de la vie anglaise, aussi ne puis-je parvenir à donner à mon guide l’appui moral nécessaire. Il examine la traversée à faire et n’est pas précisément ravi de son aspect. Il examine la pente au dessus et pense qu’elle est bien longue. Il examine l’arête conduisant au sommet et la déclare interminable. S’il avait eu affaire à un Monsieur ayant foi dans le succès, sa grande habileté, sa rapidité et sa force nous auraient, j’en suis absolument sûr, conduits au sommet. Mais j’avais pour la circonstance adopté le rôle destructeur de critique ; je fis remarquer qu’il était déjà tard, qu’une nuit sur l’arête serait un peu froide et que la traversée de la pente au dessus avait l’air d’être balayée par les pierres. Mon esprit était aussi déprimé que mes muscles ; et au lieu de me déclarer pour une prompte et immédiate retraite, je suivis sans entrain Zurfluh sur les falaises, pour

  1. Affluent secondaire, rive droite, du grand Glacier de Bezingi, sur les pentes Ouest du Dych Tau ; voyez l’illustration de la page 229. — M. P.