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LE COL DES COURTES

n’était ni la voie la plus courte ni la plus directe que l’on pût suivre[1], et, avec cet altruisme dont M. B. Kidd nous dit qu’il est la source dominante de notre civilisation, nous étions désireux d’offrir à l’humanité le don gracieux d’une route meilleure et plus facile, de Lognan[2] aux délices sans pareils de l’Hôtel de M. Bertolini. Il ne faudrait pas croire que c’était là simplement un sentiment subit de charité ; bien au contraire, comme le supposeront les lecteurs attentifs de la « Social Evolution », ce projet avait surgi et mûri dans nos esprits depuis de longues années. Nous avions en effet, en 1893, fait une excursion au Col de Triolet dans le seul et unique but d’étudier si notre col pouvait être ascensionné, et nous étions arrivés à la conclusion si chère à l’oncle Remus, que : « c’était possible, sans être possible, tout en étant possible ».

Comme les cartes sont toutes incorrectes dans cette région[3], il sera peut-être bon d’expliquer que l’Aiguille de Triolet ne se dresse pas, comme on le représente, au point où l’arête des Courtes vient rejoindre la ligne de partage des eaux. À ce point précis se trouve un petit pic sans nom, entre lequel et l’Aiguille de Triolet il y a un col, probablement plus bas que le Col de Triolet. Sur l’un des côtés de ce col un couloir rapide conduit au Glacier de Triolet, sur l’autre des pentes de glace escarpées tombent sur le Glacier d’Argentière. Ce col, si le passage en était possible, offrirait de nombreux avantages, mais une autre roule plus facile devait évidemment se trouver

  1. Mummery fait allusion ici au passage du Col Dolent par M. Whymper (Voy. Escalades, p. 343-52). — M. P.
  2. A.-F. Mummery orthographie « l’Ognan », nous conservons l’orthographe usuelle. — M. P.
  3. La carte de MM. Barbey, Imfeld et Kurz date de 1896. Consulter notre carte esquisse, p. 199. — M. P.