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L’AIGUILLE VERTE

nous partirons pour les riches campagnes et la végétation luxuriante du Val d’Aoste.

Une semaine plus tard nous retournâmes au Montenvers, mais malheureusement un esprit général de paresse avait mis son grappin sur nous, et, en compagnie de quelques amis, nous gaspillâmes de précieuses heures à escalader des rocs et des séracs à proximité de la cloche du dîner et à portée des signaux annonçant le thé de l’après-midi et autres plaisirs mondains analogues. Un de nos amis, étranger, caractérisa nos occupations en disant que « c’était une éternité de déjeuners et une perpétuité de goûters ».

À la fin Hastings nous tirade cette peu noble indolence et nous emmena à travers le Passage des Ponts à la Pierre à Béranger. Bien que cette cabane représentât l’âge de l’étable à cochons, caractéristique du massif de Chamonix, nous la préférions au Couvercle, nous souvenant que, de même que la charité couvre le péché, son toit recouvre une multitude d’horreurs.

À 2 h. mat. les dormeurs sont éveillés, le feu est allumé et un déjeuner quelque peu substantiel est consommé. Lors, le sac est examiné en détail et tout bagage supplémentaire est impitoyablement rejeté. Ces occupations variées nous prennent beaucoup de temps, et ce n’est pas avant 3 h. 15 mat. que nous quittons la cabane et que nous commençons la monotone ascension de la moraine. Nous traversons le glacier juste comme les premiers signes de l’aurore apparaissent, puis nous atteignons de nouveau la longue étendue de pierres dans laquelle nous luttons pour ne remonter que lentement.

La venue du jour était en grande partie empêchée par les denses masses de vapeur qui remplissaient le bassin du glacier et apportaient leur aide puissante aux pouvoirs