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PAR L’ARÊTE DU MOINE

uniformément dédaigné cet enseignement ; montrant, comme il le prétendait, que là comme dans les autres circonstances de la vie humaine, « on honore plus une règle en l’éludant qu’en l’observant ».

Ici l’argument touchait à une question plus large, à savoir s’il est préférable de suivre l’avis ou l’exemple des grands hommes : ayant alors vu avec plaisir que nous en avions pour longtemps sur cette question, j’allumai une nouvelle cigarette. Collie accentuait son argumentation, la main tendue et rendue plus majestueuse encore par sa pipe ; il faisait justement une brève revue des lignes générales du problème, quand une averse de grêle, de neige et de pluie vint terminer la discussion en notre faveur. Avec nos cols retournés, nos chapeaux assurés par des attaches variées et pittoresques, nous nous précipitons en retraite sur l’abri de pierres, et avons bientôt regagné le Couvercle.

Nous refaisons le paquetage de nos sacs de nuit et autres bagages, et, la pluie ayant presque cessé, nous traversons vers la Pierre à Béranger. Pendant ce temps le soleil fait quelques tentatives partielles pour percer les nuages ; alors, enlevant et étendant nos habits pour les faire sécher, nous nous livrons à des ascensions variées et périlleuses sur le grand rocher contre lequel est bâtie la cabane.

Durant l’après-midi nous revenons en flânant au Montenvers poursuivis par des averses, pendant que le temps va toujours en s’obscurcissant. Arrivés à l’hôtel, nous secouons la poussière de nos sandales, je veux dire la boue de nos bottes et la pluie de nos habits, en signe de mépris pour ces lieux désolés, de glace et de rocher ; nous nous promettons bien que notre prochaine promenade se fera au milieu des sapins et des prairies de Lognan, et qu’ensuite