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PAR LE GLACIER DE LA CHARPOUA

lendemain, si je tiens le serment solennel que j’ai fait de tailler autant de marches que la descente en comportera.

Pendant ce temps j’avais défait les sacs et nous nous étions jetés sur la neige pour manger notre déjeuner et déguster la vue glorieuse que donne ce pic si rarement visité. Burgener entreprend alors de raccommoder son piolet. Bien que ses efforts dans ce sens n’aient aucun succès, il réussit pourtant à se faire au pouce la plus profonde et la plus vilaine blessure qu’on puisse voir ; le reste du temps est employé à réparer le mal fait. Grâce à ces opérations variées nous passons une heure vingt sur le sommet, et ce n’est pas avant 1 h. 30 soir que nous partons pour la descente, tout à fait inconnue de nous, qui conduit vers le Jardin. Nous commençons, à tort ou à raison je n’en sais rien, à descendre vers les Droites, et, en atteignant la tête du grand couloir, nous tournons et coupons vers une pente de glace extrêmement rapide, jusqu’à une plaque rocheuse qui nous donne un point d’appui et nous permet de regarder tout autour. En dessous de nous, par endroits, une ligne de rochers sort de la glace du couloir, et comme la pente n’est pas très raide et que le temps presse, Burgener invente une nouvelle méthode de marche. Je le descends d’abord à la corde jusqu’à la prochaine plaque de rocher, et alors, avec la confiance de la jeunesse, je glisse, Burgener me saisit habilement quand j’arrive à portée. Dans les parties où ce procédé n’est pas applicable, nous faisons un rappel de corde et glissons jusqu’au prochain rocher commode. Par ces méthodes et d’autres similaires, et le plus souvent sans avoir à tailler de marches, nous descendons le couloir, dans toute sa longueur, jusqu’au point où les rochers de l’arête du Moine s’y projettent fort avant, l’amincissant jusqu’à