Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXIII
A. F. MUMMERY

Alpes et l’un des fondateurs de l’Alpine Club. « A la tombée de la nuit, les montagnes semblèrent nous envelopper ; jamais scène plus solennelle n’avait frappé mes regards et saisi mon imagination… Quand l’aurore parut, sa lumière rouge empourpra les nuages et les vapeurs diaphanes qui enveloppaient les sombres crêtes de la montagne. Le ciel prit un aspect étrange, surnaturel, et, devant cette indescriptible scène, ce vers de Tennyson me revint à l’esprit : Dieu se manifeste dans la splendide majesté de l’aurore. » Certes oui, les savants de l’heure actuelle sont aussi des poètes. Il nous souvient de ce joli tableau du Lac Blanc, encadré dans une œuvre de pure science, une étude géologique du massif des Grandes-Rousses, par le professeur Termier : « Ses eaux profondes, d’un bleu admirable, sont enchâssées entre la granulite et les schistes, et les falaises blanches de la rive droite, reflétées longuement dans l’azur noir des eaux, contrastent étrangement avec les pentes sombres de la rive gauche. En juillet, les deux rives se couvrent de fleurs et les femmes d’Huez viennent en foule cueillir des violettes. L’effrayante solitude du lieu est alors troublée pour quelques jours. La cueillette finie, rien ne vient plus rompre le silence de l’étroite combe, que le bruit lointain des pierres qui croulent dans les couloirs de la haute chaîne, et le murmure continu des eaux courantes. » Mais les attaques de Mummery ne sont peut être que boutades d’humour. Passons.