dessus ; nous sommes alors forcés d’entrer dans une cheminée dont nous sommes du reste bientôt chassés par une série de grandes pierres imbriquées comme des ardoises et formant une sorte de toit protecteur. Il est nécessaire d’entreprendre l’escalade de ce toit en passant successivement en dehors, en haut, et par dessus ; pour reprendre l’énergie nécessaire, nous faisons halte et nous sommes régalés par Hastings avec de la confiture de gingembre, des biscuits, du chocolat, et autres gourmandises dont ses poches sont invariablement garnies.
Le passage de cette difficulté nous était apparu pire qu’il ne se trouva être réellement ; à part le désagrément mental apporté par l’appui sur des pierres d’une sécurité douteuse, et par l’escalade d’une très haute muraille dans une position à demi horizontale, à peu près comme une mouche contre un plafond, l’obstacle fut passé sans difficulté. Au dessus, l’accès du col paraît certain. Une simple et courte pente de glace se trouve entre nous et ce havre tant désiré. De l’autre côté, la vue est des plus imposantes. La muraille immédiatement en dessous surplombe réellement. Le grand clocher, dont il été souvent parlé comme fermant le col sur son côté Nord, s’élève en dalles lisses et à pic qui rappellent l’impitoyable, terrible et immense précipice du Petit Dru ; de l’autre côté, de grandes falaises de glace dominent, aussi sévères et aussi larges que le plus sévère et le plus large mur de rocher que grimpeur ait jamais vu ; ces murailles courent circulairement sur près de 200 grades, et forment un des cirques les plus sauvages que les Alpes puissent porter, et qui, avec ses séracs surplombants, ses vastes corniches et ses couloirs garnis de glace noire, rappelle les plus perdues des retraites du Caucase.
Nous emportons d’assaut la courte muraille qui nous