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PAR L’ARÊTE NORD-OUEST

perpendiculaire. Cette partie en pente excessive ne dépassait pas 3 mètres à 3m,50, et, une fois au dessus, une pente de 55 grades conduisait à des rochers supérieurs praticables. Mais avant que la corde suffisante pût m’être donnée pour me permettre de les atteindre, il fallait que le reste de la caravane avançât. Malheureusement, il était impossible de gagner sur le roc ferme quelques marches solides, bien abritées des chutes de pierres et aisément accessibles sur la droite, sans détacher des franges de glace masquant quelques dalles intermédiaires. Et le faire aurait mis en sérieux danger le reste de la caravane, qui était immédiatement en dessous, à 18 ou 20 mètres plus bas. Une glace de cette sorte est en effet très apte à partir en larges plaques, et, la falaise étant pour ainsi dire perpendiculaire, ces masses auraient glissé avec une force irrésistible sur Slingsby et Collie qui se trouvaient exactement dans la ligne de tir. Déjà, les petits fragments de glace, que pendant ma traversée je détachais de la pente solide au dessus d’eux, produisirent de nombreuses remarques, qui revêtirent même un caractère de reproches. De la discussion subséquente, il ressortit que, pour ceux qui étaient au dessous, ces fragments apparaissaient, l’un dans l’autre, plus larges qu’un sérac moyen tombant avec une vitesse considérablement plus forte que celle que les astronomes attribuent à la lumière ; pour ceux qui étaient au dessus, ils leur semblaient comparables aux grains de sable les plus fins, emportés dans les tourbillons d’une douce brise.

Aussitôt que Hastings est monté et qu’il s’est établi solidement dans la grosse marche, je recommence à tailler encore, mais bientôt je suis amené à cesser par une volée d’injures, parmi lesquelles il me semble découvrir le terme usité en tennis, pour définir les qua-