Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXII
A. F. MUMMERY

dans notre préface nous citions comme le plus important de son livre, Mummery tend à apologiser le « pur gymnaste », très attaqué dans la littérature alpine. Et, ma foi, il le fait avec plein succès. Il proteste avec raison que le pur gymnaste soit incapable de plaisirs esthétiques ; bien au contraire, son être vibre au plus haut point. Il jouit des joies de l’escalade pure, mais la raison même qu’il est habile à se jouer au milieu des difficultés fait que ses joies s’accroissent de toutes les beautés des arêtes précipitueuses sur lesquelles il est suspendu et qui font le plus fantastique, le plus invraisemblable et le plus splendide premier plan aux merveilles plus lointaines du monde d’en haut. Il ne faut pas confondre le pur gymnaste avec les faiseurs de records qui sont de retour du Cervin à Zermatt à onze heures du matin ou qui réussissent l’escalade de la Meije en dix heures trente-six. Le vrai grimpeur s’attarde à la contemplation de toutes les beautés de la montagne, dans les limites de temps qui lui sont accordées par le soleil. Souvent même il s’attarde et ne rentre qu’à la nuit. Il est curieux qu’avec un esprit aussi large, avec une compréhension aussi haute de l’alpinisme, à qui il ne dénie pas les plaisirs délicats de l’esthétisme, Mummery lui refuse les joies de la science. Elle n’exclut pas, comme il semble le croire, toute poésie. Nous n’en voulons pour témoignage que les magnifiques scènes décrites dans « The Glaciers of the Alps», parce grand savant qu’était John Tyndall, un des pionniers des