Page:Mummery - Mes escalades dans les Alpes.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
LA DENT DU REQUIN

projectiles que je lui envoyais mais avait en plus ceux que lui éparpillait le reste de la caravane ; autant que je pus en juger, il s’amusait beaucoup à se gauchir d’eux ; lorsqu’il n’était pas occupé a ce jeu, d’une corniche toute pourrie et peu commode, il examinait nos progrès avec une tranquillité calme et bienveillante.

Regagnant l’arête Sud à 5 h. 5 soir, nous la parcourons rapidement jusqu’à son point de jonction avec l’arête principale ; là, tenu par Hastings, je descends dans le trou et reprends mon habit que le froid du soir rend le très bienvenu. Nous ouvrons alors les sacs et faisons une courte halte, puis nous nous réencordons avec Slingsby comme dernier. Nous nous apercevons bientôt que la neige est tellement en état d’avalanche qu’il est nécessaire de prendre les plus grands soins ce qui fait tomber notre espoir de pouvoir galoper sur le glacier, et ce n’est pas avant 6 h. 25 soir que nous atteignons la rimaye. Slingsby franchit bien le mauvais sérac ; mais, pendant que Hastings suit le mouvement, le sérac fait entendre un craquement et une énorme masse détachée tombe dans les profondeurs en dessous. Il reste heureusement tranquille après cette petite manifestation de mauvaise humeur et nous pouvons passer puis atteindre le glacier. Les ponts des crevasses se trouvaient en mauvais état et nous étions obligés constamment de quitter nos traces du matin pour trouver une route plus sûre. La nuit était sur le point de venir, et un soupçon commençait à flotter dans mon esprit que nous pourrions bien goûter d’un bivouac impromptu sur la neige. Slingsby se montra bien en cette occasion ; quittant notre route du matin qui nous aurait amenés à descendre une longue pente de glace recouverte d’une neige variant de 8 à 23 centimètres d’épaisseur, ce qui, dans l’état actuel d’avalanche immi-