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LA DENT DU REQUIN

nous avançons pour l’attaquer, une route facile et commode se montre sur la droite à nos yeux ravis. Ce dernier chemin nous conduit à la crête d’une grande lame séparée du reste ; de son faite le tranchant d’une seconde lame plus à pic et plus aiguë nous mène vers le sommet. Cette escalade ne se fait pas sans coûter quelques dommages à nos doigts, à nos guêtres et à nos culottes ; mais la proximité du sommet nous fait passer sur ces petites misères de la vie du grimpeur, et quelques minutes plus tard nous poussons nos cris de triomphe sur le point culminant.


Nous avions laissé les provisions plus bas, mais Hastings tira de ses poches matière à un somptueux repas, et nous fîmes fête à une grande quantité de friandises. La moitié de la caravane s’adonna au délicat plaisir du tabac, et l’autre partie se livra aux douceurs pourtant périlleuses d’un profond et solide sommeil. Après nous être reposés et rafraîchis par ces méthodes également judicieuses, nous construisons un cairn avec le peu de pierres disponibles. Devoirs et travaux sont terminés, nous pouvons regarder les grands pics, et jouir de toute cette lumière glorieuse que reflètent vers nous les vastes champs de neige qui nous entourent.

Comme nous avions laissé nos piolets, nos sacs, notre corde de secours, etc., sur des rochers divers et variés le long de notre ligne d’ascension, il était essentiel pour nous de revenir par le même chemin, autrement nous eussions été tentés de raccourcir légèrement notre route et de couper jusqu’au point où se rencontrent l’arête Sud et l’arête principale. Le sommet de la grande tour était, nous pouvions nous en rendre compte, facilement accessible, et, en admettant que la cheminée située entre la tour et la masse de la montagne se fût trouvée impraticable, un piton et la corde eussent aisément résolu cette difficulté. Malheureusement