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LA DENT DU REQUIN

choisis un creux confortable entre deux rochers et je fais là un petit somme. Mes rêves sont fréquemment interrompus par les appels du premier qui se trouve après moi, et demande la direction à suivre. Un temps considérable est ensuite employé à trouver un rocher auquel la corde puisse être fixée pour l’aide et le confort du dernier, et une bonne heure et demie au moins est dépensée à escalader ces 60 mètres de muraille. Pendant que Slingsby et Collie essayent de fixer à un rocher solide l’extrémité inférieure de la corde afin que nous soyons sûrs de la trouver à notre retour, Hastings et moi partons pour escalader les rochers faciles de la coupure. Mais nous ne la trouvons pas telle que nous aurions pu la désirer et nous nous réencordons. Nos compagnons ont vite fait de nous rejoindre ; nous commençons alors vivement l’attaque.

Le premier obstacle sérieux était formé d’une dalle lisse complètement dégarnie de saillies, excepté sur une fissure perpendiculaire située entre elle et la muraille à pic sur notre droite. Cette fente était, dans certaines parties, trop étroite pour admettre un doigt, et, à aucun endroit, elle n’offrait de prise réellement satisfaisante. Hastings me donna son coup d’épaule habituel, suivi d’une poussée, mais, eu égard à l’extrême pente de la dalle, il n’était pas commode de se retenir de culbuter en arrière. Malheureusement la dernière limite où il pouvait m’aider était encore à quelques 3m,50 du faîte, et il était évident qu’une lutte sérieuse allait devoir être engagée. De plus, il était impossible de savoir si l’on trouverait une prise au sommet de la dalle. Et, si l’on ne trouvait pas pareille prise, il n’y avait rien à tenter, car un second rocher perpendiculaire se dressait immédiatement au dessus, et, au delà, la corniche inclinée qu’il était nécessaire d’esca-