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LA DENT DU REQUIN

de l’arête Sud vers le « Chapeau[1] ». Il trouve ce passage parfaitement aisé, et au point noté l’après-midi précédente il tourne à gauche et se dirige vers la plaque de neige. Au bout de quelques minutes nous sommes repoussés par une muraille, garnie dans sa plus grande partie par une couche de verglas, et tellement croulante que le plus léger contact suffit à détacher une quantité considérable de débris. Arrivés là, nos chances semblaient désespérées. La coupure que nous avions vue la veille avait l’air d’être à pic, et il ne paraissait même pas possible d’y arriver, les murailles entre nous et elle consistant en dalles lisses à pentes contraires. Après une consultation, dans laquelle Slingsby insista encore sur l’opinion favorable émise la veille, il fut décidé que je serais descendu à l’aide de la corde légère tout entière (60 mètres) pour scruter le terrain au-delà de la plaque de neige.

La descente fut beaucoup plus facile que je ne m’y attendais, mais comme on ne pouvait avoir confiance en aucune prise, même aux endroits où l’on pouvait trouver quelque chose de digne du nom de « prise », je fus extrêmement heureux de l’appui moral apporté par la corde. Immédiatement au dessus de la neige je pus faire une traversée facile et commode sur le rocher, me dirigeant en biais sur le faîte du contrefort déjà mentionné plus haut.

À cet endroit, l’opinion formée le jour précédent semble se justifier pleinement ; des rochers faciles conduisent à la coupure, et celle-ci paraît, bien que difficile, devoir être tout à fait dans les limites du possible. Je crie à mes compagnons de se précipiter en haut, ou plutôt en bas, injonction à laquelle ils n’obéirent du reste pas ; puis je

  1. Le « Cocked hat » « Chapeau à cornes », dans l’illustration déjà citée (p. 144) de l’Alpine Journal, XVII, p. 16. — M. P.