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CHAPITRE VII


LA DENT DU REQUIN


Quatre individus[1] fatigués par le voyage arrivaient un soir à sept heures au Montenvers, après trente-trois heures continues de chemin de fer et de diligence ; et, avec l’enthousiasme de grimpeurs invétérés, ils commençaient tout de suite une discussion relative à ce que l’on ferait le lendemain. « Commencer d’abord ! » dis-je. Cette discussion avait été le fond de la conversation durant ces trente-trois longues heures, et, en définitive, aucune réponse satisfaisante n’y avait été faite. La montée jusqu’au Montenvers avait pourtant convaincu trois d’entre eux que partir le lendemain à deux heures du matin serait contraire à toutes les règles de l’alpinisme. D’autre part on sentait bien qu’il ne fallait pas compter sur le beau temps, et, comme concession aux jeunes et aux énergiques de la caravane, il fut décidé que l’on irait bivouaquer en plein air la nuit prochaine et que le jour suivant on donnerait l’assaut à la redoutable Dent du Requin. Une idée même, émise par les susdits jeunes et énergiques, trouva bon accueil et fut nettement approuvée, à savoir que

  1. MM. Cecil Slingshy, Norman Collie, G. Hastings et moi. L’escalade fut faite le 25 juillet 1893. — A-F. M.
    Le récit de cette magnifique première ascension, dû à la plume humoristique du Dr Norman Collie, a été publié dans L’Alpine Journal de février 1894, vol. XVII, p. 9-20. On y trouvera le pointillé de la route d’ascension tracé sur une photographie de la Dent du Requin. — MP.