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LE GRÉPON

la seule difficulté de la route C P est une portion de 9 mètres environ, immédiatement en dessous de la plateforme située sous le sommet, il était certain que nous pourrions le faire sans nous donner beaucoup de peine. Cinq jours consécutifs de mauvais temps avaient suffi pour garnir le couloir de glace et de neige folle. Nous étions en plus l’un et l’autre surchargés de bagages — une chambre treize-dix-huit et 18 mètres de corde de secours, en plus la nourriture, etc., — le tout suffisant pour rendre le sac des plus obèses et des plus inconfortables. Je me distinguai en outre en gagnant trop sur la droite du couloir, et pour éviter de descendre nous dûmes faire une traversée qui comporta une escalade d’un mérite complètement égal à tout ce que nous eûmes à faire ensuite.

En atteignant le point où la route du Grépon se sépare du sommet Sud des Charmoz, nous trouvâmes le couloir en très mauvaise condition. Non seulement les rochers étaient aussi pourris que de coutume, mais ils étaient décorés d’une torsade et d’un vrai jabot de glace friable, les interstices étaient garnis de la neige la plus folle et la plus poudreuse. Il était donc impossible de dire ce qui était solide et ce qui ne l’était pas, en sorte qu’il valait mieux suivre l’hypothèse que rien ne tenait. Après quelque temps le procédé de ratisser la neige et de tâter la solidité des pierres nous gela les doigts si douloureusement que Slingsby et moi fûmes d’accord qu’il était préférable de traverser directement vers la brèche la plus basse qui sépare les Charmoz du Grépon. Il nous fut assez facile de suivre une grande dalle de rocher, mais l’ascension d’une cheminée verticale, peut-être de 5 mètres de haut, demanda des efforts prolongés et pénibles. Je dois ajouter que mes compagnons paraissaient tout esca-