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LE GRÉPON

sommet de la grande brèche. Nous fixons là 30 mètres de corde et la caravane descend un par un. Je dévale le dernier, et, après avoir juste passé une partie de la falaise parfaitement lisse et à pic, en m’appuyant exclusivement sur la corde, je m’arrête un moment sur une petite saillie de rocher. Quand j’essaye de continuer la descente et que je tire sur la corde je la sens céder un peu et venir à moi. Un gros effort réussit à me remettre en équilibre sur la saillie incertaine où je m’étais arrêté ; mais pendant un instant je ressentis une impression suprêmement désagréable. La corde, avait dû se détacher complètement au dessus, et il me semblait d’autre part n’y avoir aucun moyen de descendre sans son aide le rocher jusqu’à la brèche. Pourtant, quand j’eus tiré à moi 3 mètres de la corde le reste ne voulut pas venir et résista même aux efforts combinés de mes camarades restés dans la brèche. Collie examina alors une ligne possible de descente pour moi, et c’est, habilement conduit par lui, tenant la corde dans ma main, simplement comme une aide en dernier ressort, que j’arrive à atteindre le soutien bienvenu d’Hastings et que je prends pied sur la brèche. Autant que nous pouvions l’apercevoir, la corde avait glissé du sommet de la tour sur la face des Nantillons et s’était accrochée à une saillie quelques 3 mètres en dessous. Nous ne pouvions pas, il est vrai, voir si la saillie était bonne ou non, mais ce sur quoi nous étions tous d’accord c’est que le premier qui sortirait de notre position présente aurait une tâche désagréable. Comme il était encore douteux que nous pussions escalader le pic final, et de ce fait atteindre la route C P, ce qui n’était pas un événement impossible, nous nous hâtâmes vers la résolution de la question.

Le pic final avait presque déjoué Burgener et Venetz,