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LA PLUS DIFFICILE ESCALADE DES ALPES

et plaisante plaidoirie du pot cassé. «Nous ne l’avons jamais eu… 11 était cassé quand nous l’avons eu… Nous l’avons rendu entier ! »

Pasteur, par d’intéressantes déductions, arriva à une conclusion aussi obscure. « Il était, » dit-il, «extrêmement invraisemblable que j’eusse le bonheur de monter cette année au Grépon ; maintenant que j’y suis allé une première fois, il est absurde de supposer que j’irai une seconde fois. » Il nous suggéra de dire aux porteurs de faire halte au pied du couloir, jusqu’à ce que nous eussions atteint le col ; là, si nous trouvions qu’il nous fût impossible de donner l’assaut à l’arête du Grépon, nous le crierions aux guides qui pourraient alors déposer leur bagage et rentrer aussi vite qu’ils le désireraient. Cette idée fut acceptée par la caravane. D’autre part, un examen du pic à la lunette ne m’avait pas permis d’y retrouver mon ancienne route, pour une bonne raison, comme je m’en aperçus plus tard, c’est qu’elle n’est pas visible de cet endroit. Ceci, joint à l’impressionnante histoire qu’un énorme rocher se serait réellement détaché de cette partie de la montagne, me fait craindre que tout cela puisse n’être que trop vrai et que le pic soit pour toujours fermé de ce côté. Nous partons donc pour le couloir avec l’idée décevante et l’espoir modeste d’un retour par les Charmoz. En atteignant les environs du col, je cherche autour de moi mon ancien passage du « Kanones Loch », mais sans pouvoir le reconnaître, le col lui-même ne m’étant plus familier. Le vent furieux qui souffle et hurle à travers les rochers n’est pas fait pour aider au réveil de ma mémoire, et c’est seulement lorsque j’ai fait le tour d’un rocher du col, côté Charmoz, que je recouvre ma direction et que je reconnais la fissure que nous avons à remonter.

Il était possible que l’assurance que j’avais d’être obligé