qu’ils purent en emporter, pensant ainsi ajouter à notre propre confort.
À 2 h. mat., le 18 août, Simond vient m’apprendre la désagréable nouvelle que le nom du Grépon a tellement effrayé les porteurs qu’ils ont subrepticement quitté leurs lits et fui à Chamonix. L’embarras devenait sérieux ; deux heures du matin n’est généralement pas une heure convenable pour engager des porteurs, et Simond était pertinemment sûr que le C P était infranchissable du côté du Grépon sans une corde préalablement fixée. Il devenait alors vraisemblable que si nous atteignions la brèche située avant le ressaut, nous serions obligés de revenir sur nos pas tout le long de l’arête. Après une longue conversation, Simond offre de nous prêter le berger attaché à l’établissement, et d’éveiller et d’entrer en pourparlers avec un guide borgne qui couchait à l’hôtel et qui avait accompagné M. Dunod dans quelques-unes de ses tentatives infructueuses.
Ce guide, Gaspard Simond[1] veut bien venir avec nous, et, avec le berger comme second, nous partons gaiement pour la « vallée des pierres ». Chacun des membres amateurs de la caravane avait la certitude absolue que la route que nous suivions le long des détestables pentes de cette arête toute en cairns[2], était bien moins bonne que la route qu’il avait
- ↑ Peu de jours après le même guide perdit sa route sur le Dôme du Goûter dans une tourmente de neige. La conséquence de cette erreur fut que son touriste, M. Nettleship, y perdit la vie ; les guides, grâce à l’épaisseur des vêtements de Chamonix, survécurent au froid et échappèrent à la mort.
- ↑ Sur cette longue arête, qui va du Montenvers jusqu’à l’Aiguille de l’M, on rencontre : l’Homme des Charmoz (2.199 m.), pyramide établie par J. D. Forhes en 1842, pour sa triangulation de la Mer de Glace (Voy. le chapitre VI, p. 95, qui se rapporte à ce travail, dans Travels through the Alps, par Forbes, dans l’admirable édition publiée par le Rév. W. A. B. Coolidge, London, 1900) ; un peu à l’Ouest, le Nouveau Signal (2.205 m.), de MM. Vallot ; plus haut, une très petite pyramide indiquant le meilleur passage pour atteindre le Glacier des Nantillons ; puis le Signal Supérieur (2,471 m.) de MM. Vallot, et ensuite la Croix de Fer, souvenir d’un accident. — M. P.