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LE GRÉPON

sommet où j’entends, faites avec une calme tranquillité, diverses remarques sarcastiques au sujet de ceux qui placent leur confiance dans les souliers de tennis et méprisent la douce persuasion de la corde. Le sommet a des dimensions dignes d’un palais et il est pourvu de trois fauteuils de pierre. Le plus élevé fut de suite destiné au piolet par Burgener et les membres inférieurs de la caravane reçurent de lui l’ordre d’assurer par de solides fondations la sûreté de sa hampe. Ce rite solennel dûment accompli, nous nous couchons tout de notre long, tout en nous moquant agréablement du minuscule coup de canon de M. Couttet à Chamonix, auquel nous répondons par la détonation beaucoup plus exhilarante d’une bouteille de Champagne.

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Le récit déjà ancien que je viens de rapporter finit brusquement ici[1]. Pourtant, avant de quitter le sommet de l’un des rochers les plus abrupts des Alpes, on me permettra peut-être de demander à certains critiques, si l’amour de la grimpade en rocher est vraiment un péché si atroce et si avilissant que ceux qui le commettent ne sont plus digues d’être rangés au nombre des montagnards, mais doivent être relégués dans cette catégorie spéciale si décriée des « purs gymnastes ».

Il apparaîtra de suite complètement illogique de dénier le terme d’alpiniste à quiconque est habile dans l’art de trouver facilement sa route dans une contrée montagneuse. Dire qu’un homme, qui grimpe parce qu’il est passionné pour le travail de la montagne, n’est pas un alpiniste, pendant qu’un autre homme, qui grimpe parce que cela lui est nécessaire en vue de quelque recherche

  1. Des parties de ce chapitre furent écrites il y a quelques années pour l’Alpine Club, et bien que les paragraphes suivants ne conviennent peut-être pas au grand public, de vieux souvenirs m’ont empêché de les couper.