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UN PIC INACCESSIBLE

trouve d’abord les premiers 6 mètres très faciles, puis je commence à penser que la corde de l’Alpine Club est trop fine pour ce genre d’exercice ; enfin je note une curieuse et inexplicable augmentation de mon poids. Pour ajouter à ces embarras variés, mon piolet, qui était maintenu par une attache autour de mon poignet, se fiche dans une fissure et casse sa ficelle. Heureusement, d’un mouvement brusque j’arrive juste à le saisir de la main gauche. Cette aventure causa une forte émotion il Burgener, qui, incapable devoir ce qui arrivait, crut que non seulement le piolet mais son Monsieur allaient exécuter une rapide descente vers la Mer de Glace. Nous remettons nos esprits par la douce contemplation du contenu de certain flacon, puis nous allons à la poursuite de Venetz qui a emporté la seule corde restante. Une bienveillante lame de roc s’était séparée de la montagne sur le côté des Nantillons ; elle nous offrit un sentier en zigzags assez facile jusqu’au sommet de la tour, qui de ce côté ferme la grande fissure. Nous trouvons là, particulièrement bien développée, une des nombreuses perfections du Grépon. Sur la face de la Mer de glace, de 3 à 6 mètres au dessous de l’arête, un large passage, vraie route bonne pour les voitures, bicycles, ou autres agréments de ce genre, nous conduit droit à une cheminée bien visible par laquelle la dernière coupure est facilement gagnée ; nous évitons ainsi la nécessité de suivre l’arête et d’escalader ou de descendre ses nombreuses irrégularités. Il est vrai que cette promenade agréable ne pouvait être atteinte qu’en contournant un coin fâcheux, déclaré difficile par mon compagnon, et qu’elle se trouvait interrompue plus loin par un épaulement suffisant pour repousser au delà des limites de l’agréable notre centre de gravité au-dessus de la Mer de Glace ; mais, à part le passage de ces petites