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UN PIC INACCESSIBLE

guides, les montagnes et les départs de grand matin, je finis par passer mes vêtements pour descendre dans un salon froid et inconfortable. Là je trouve que ni le thé chaud pour Monsieur, ni le déjeuner pour les guides ne sont arrivés. Peut-être est-ce la juste récompense accordée par la Providence (ou par M. Couttet) à ceux qui amènent des guides suisses à Chamonix.

Au début, nous marchons très lentement, nos progrès se trouvant entravés par l’obscurité, que perce mal une bouteille-lanterne. Heureusement, avant que la perte de temps soit réellement devenue sérieuse, Venetz prend avantage d’un rocher poli et de quelques ronces entrelacées, pour tomber sens dessus dessous, on ne sait où, à moins que ce ne soit, d’après les remarques qui lui échappent, dans le quartier le moins désirable des Enfers. Lorsqu’il réapparait, la lanterne n’est plus ; ce qui nous rend capables de faire de plus rapides progrès ; enfin, après une marche fatigante, nous atteignons le Glacier des Nantillons.

Une idée qui ne nous souriait pas, c’était de refaire la traversée des pentes supérieures qui nous avaient conduits aux Charmoz. En conséquence, nous faisons halte et nous cherchons une méthode meilleure pour contourner la chute de séracs. Une langue de glacier, descendant en pente raide et située entre la muraille des Charmoz et le promontoire rocheux projeté par l’Aiguille de Blaitière, semble nous offrir une ligne d’ascension facile et assez sûre ; elle est adoptée à l’unanimité. Après ces préliminaires nécessaires au travail de la journée, nous nous dirigeons vers la fin de cette langue de glace. Nous prenons tout droit, et nous trouvons qu’elle est juste assez inclinée pour exiger la taille des marches sur tout le parcours. Le procédé était ennuyeux,