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LE GRÉPON

mais par laquelle Burgener pense pouvoir forcer le passage. En conséquence, nous descendons Venetz dans la rimaye ; il la franchit sur un pont de débris de glace, et attaque la cheminée. Il n’avait pas encore escaladé plus de 3 mètres qu’il se trouva coincé et incapable de se mouvoir, pas plus en haut qu’en bas. Le pont de glace n’arrivait pas jusqu’au pied de la cheminée, mais il laissait béante une ouverture précisément bien placée pour recevoir Venetz dans sa chute et la position de celui-ci apparaissait extrêmement critique. Burgener, voyant la nécessité d’une action immédiate, saisit la corde de secours et, sans attendre d’y être attaché, il me laisse le descendre dans la rimaye. Il escalade promptement l’amas confus de blocs de glace tout branlants et se trouve bientôt à portée de prêter à Venetz l’aide nécessaire. Celui-ci, après une courte halte sur les épaules de Burgener, arrive à licher son piolet entre roc et glace, et, s’en servant comme d’une marche, à gagner une position tolérable sur un rocher en corniche. Je jette alors la fin de la corde dont s’était servi Venetz à Burgener qui, aussitôt attaché, monte sur la console de roc. Ce pendant, j’avais planté un de nos piolets dans la neige, alors, l’entourant d’une courte longueur de la corde de secours, je me laisse glisser jusqu’au pont de glace et le franchis pour arriver au pied de la cheminée où la corde m’attendait déjà. Le rocher du couloir était douloureusement froid et ce fut avec grande satisfaction que j’atteignis le replat de la console et que je pus rejoindre les guides ; nous tentâmes alors de ramener un peu de vie dans nos pauvres doigts.

Des rochers vraiment faciles nous permettent ensuite de faire de rapides progrès. Un ruisselet qui se sert aussi de ces rocs comme passage, bien qu’en sens inverse, nous soumet à une douche momentanée. Au bout d’un instant,