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CHAPITRE VI


LE GRÉPON


UN PIC INACCESSIBLE

LA PLUS DIFFICILE ESCALADE DES ALPES,
UNE COURSE FACILE POUR DAME.


Alors que j’étais sur le sommet des Charmez en 1880, le Grépon me frappa, comme rivalisant avec le Géant lui-même par la sauvage grandeur de ses murailles. Du point où j’étais, l’arête semblait absolument infranchissable ; de grandes tours, s’élevant de 30 à 40 mètres en un seul obélisque de granité lisse, semblaient lui enlever toute possibilité d’accès. Nous avions auparavant examiné avec une longue vue la muraille de la face des Nantillons ; nous avions vu qu’elle était presque, sinon tout à fait, perpendiculaire, et que sa formation, particulièrement défensive, se présentait, comme disent les guides allemands « abgeschnitten », en structure coupée. Certains néanmoins qu’il devait y avoir un passage quelque part, nous fûmes conduits par le procédé d’élimination à déduire que nous le trouverions sur la face de la Mer de Glace. Nous décidâmes en conséquence de faire notre premier assaut de ce côté.

Sur la route de la Verte en venant, Burgener et moi, du Glacier de la Charpoua, nous avions utilisé nos baltes à étudier soigneusement sa face Est. Nous y découvrîmes au sommet d’excellentes cheminées, plus bas des