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AVEC GUIDES

Après avoir tourné, à tort, par la droite, la chute inférieure des séracs, nous ascensionnons un couloir entre les falaises de l’Aiguille de Blaitière et les rochers à pic par-dessus lesquels le glacier se précipite. Le couloir est très facile, mais sur notre gauche se trouve un promontoire de rocher encore plus aisé, nous le prenons et l’escaladons à grands pas. Immédiatement au-dessus de nos têtes plane une succession interminable de séracs, monstres colossaux découpés sur le ciel, nous menaçant d’une destruction instantanée. L’endroit n’est pas de ceux que l’on choisit pour une halte, aussi tournons-nous à gauche pour voir comment nous aborderons le glacier. À un point, à un seul point, c’est possible. Un sérac, à moitié tombé de la falaise, et paraissant très enclin à vouloir aller bientôt s’ajouter à la masse des blocs de glace brisés à une centaine de mètres en dessous, se trouve être le seul pont disponible. Nous l’escaladons, nous passons une crevasse sur les débris d’une avalanche et remontons très vivement une courte pente de glace jusqu’à la partie libre du glacier. Dix minutes nous ont suffi pour nous amener comparativement en sûreté ; nous traversons alors jusqu’à un îlot de roc par lequel la chute de séracs est ordinairement tournée.

Là nous faisons halte et nous procédons à la vérification du sac, à la recherche possible de provisions cachées. Pendant que Venetz et moi étions occupés à ce devoir, Burgener se contournait, lui et son télescope, en une foule d’attitudes extraordinaires, faisant à la fin, avec plein succès, un examen satisfaisant de notre pic. Une heure plus tard, nous partions de nouveau, pour atteindre la base du long couloir qui conduit à la dépression située entre le Grépon et les Charmoz.

Nous passons la rimaye à 8 h. 45 mat., et tournant tout de