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L’AIGUILLE DES CHARMOZ

pour les Charmez[1]. Le mauvais temps continuel avait bien dû vraisemblablement entamer nos chances matérielles de succès ; mais comme la montagne a une exposition Sud-Ouest et qu’elle n’est pas très haute, nous espérions n’avoir rien à craindre de sérieux.

Le lendemain matin (ne dois-je pas dire la nuit même) nous partons, et comme nous avons été munis par M. Couttet d’une admirable lanterne (cette expédition avait lieu à l’âge où la lanterne pliante n’était pas connue) nous prenons une assez bonne avance pendant la première demi-heure[2]. Nous commençons alors à ascensionner ce

  1. Une grande confusion a régné si longtemps sur la partie septentrionale des Aiguilles de Chamonix qu’il nous paraît nécessaire de revenir sur ce sujet pour bien fixer la nomenclature et permettre les identifications bibliographiques.

    La carte de Mieulet était, dans cette partie, contraire aux indications locales. Ses dénominations furent adoptées par l’Alpine Journal et nous voyons encore, en 1887, dans ce périodique, XIII, p. 197 : « l’Aiguille des Charmoz que M. Dunod appelle très à tort (very inconveniently) l’Aig. de Grépon ».

    M. L. Kurz, qui, dans maints passages de son Guide de la Chaîne du Mont Blanc (Neuchâtel, 1892), a corrigé si heureusement les cartes existantes, suit ici la nomenclature de la carte de Mieulet : il décrit l’ascension des Grands Charmoz, p. 110, sous le nom de Cime septentrionale de l’Aiguille des Charmoz, et, p. 101, l’escalade du Grépon sous le nom de Cime méridionale de l’Aiguille des Charmoz ; page 106, le Col des Nantillons est appelé Col de Blaitière.

    Déjà M. H. Dunod avait, dans l’Annuaire du Club Alpin Français, fait apparaître le nom de Grépon dans son récit : «Un mois autour de l’Aiguille de Grépon ou Grands Charmez. » Mais il laissait encore bien des incertitudes le col dont il parle à la page 89, ligne 22, est le Col des Nantillons ; la légende de la planche de la page 94, notamment, est erronée (Voy. la note, p. 108-9).

    Enfin M. Joseph Vallot publia, dans l’Annuaire du Club Alpin Français de 1894, p. 1-49, une « Étude des Aiguilles de Chamonix » et une esquisse des aiguilles (à la p. 33), magnifique travail qui mit définitivement les choses au point. M. Kurz, après examen des documents de M. Vallot, se rallia à l’opinion de celui-ci et rectifia ses indications antérieures du guide dans sa carte (la Chaîne du Mont-Blanc, au 1/50,000e par Barbey, Imfeld et Kurz), parue en 1896.

    C’est d’après les données dont il est parlé ci-dessus qu’a été faite la carte esquisse ci-contre. — M. P.

  2. Cette première ascension des Grands Charmoz (3,443 m.) eut lieu le 15 juillet 1880 et le récit en fut publié dans l’Alpine Journal, seulement en