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LA TEUFELSGRAT

homme si vous ne faites pas attention. » Mon impression personnelle était que je ne « tuerais pas mon homme » seulement, mais que toute la caravane et la plus grande partie de la montagne seraient précipitées sur le glacier en dessous. Ce fut donc le cœur tout à fait joyeux que je me trouvai à la fin assise en sécurité sur un rocher dominant la pente de neige à gauche de l’arête, et que je pus enfin, dans une confortable situation, examiner en dessous les misères de mes compagnons.

Aussitôt que nous nous fûmes complètement assurés que la montagne et nous étions en bon état, Burgener examina soigneusement notre route. Au bout de peu de temps éclatèrent ces mots joyeux, «  Herr Mommerie, das geht » « Monsieur Mommeri, ça y est. »

Une fois encore nous avancions, cette fois « Herr Mommerie » conduisait. L’arête devenait assez facile, bien que nous trouvassions de temps à autre des ressauts de rocher courts mais à pic où devenaient nécessaires tantôt les épaules de Burgener, tantôt l’appui de son piolet. À un endroit, un ressaut plus formidable se dressa, et sacs, habits, Andenmatten et moi, tout fut laissé en dessous pendant que les rochassiers de la caravane jonglaient avec la difficulté. Des cris à la fin annoncent leur succès, puis la corde en cinglant descend pour hisser les colis variés. Dès qu’ils sont enlevés, la corde revient pour moi, et je me prépare à suivre avec une joie sans mélange, car ma demi-heure de halte a été moins que plaisante, un vent horriblement froid s’étant élevé pendant que le soleil se cachait derrière quelque nuage en pleine course. Une troisième fois la corde est jetée et, après avoir été criblé de nombreux conseils pendant qu’on le hisse, Andenmatten nous rejoint. Nous prenons alors le long de l’arête jusqu’à un ressaut plus élevé, nous barrant le chemin en un à pic