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TÄSHHORN

horn. De là au sommet, nous pensons pouvoir suivre l’arête.

En conséquence, le 15 juillet 1887, nous quittons Zermatt pour aller coucher dans les chalets les plus élevés. À cette époque, l’Auberge de Täsch était encore un luxe inimaginé. Nous passâmes sur l’alpe une après-midi très gaie. Quelques amis, trouvant là une bonne occasion pour voir un lever de soleil, s’étaient joints à notre caravane, et, très intéressés par notre expédition, se mirent tout à fait à notre joyeux diapason. Nous avions grandement étonné les animaux des environs en empiétant sur leur domaine. Durant l’après-midi, un taureau furieux fit plusieurs tentatives pour nous charger ; il finit par chasser toute la caravane, guides et voyageurs, qui se réfugia sur le toit du chalet. Finalement, comme nous commencions à trouver notre perchoir par trop étroit et incommode, une sortie générale fut ordonnée ; poussant des hurlements sauvages et brandissant piolets et chapeaux, nous mîmes l’animal en déroute et l’envoyâmes beugler plus bas sur l’alpe inférieure.

Lorsque la dernière teinte du soleil couchant se fut évanouie sur le Weisshorn, nous allumâmes nos bougies et convertîmes l’intérieur du chalet en salle de bal, une salle de 4 mètres, rendue périlleuse par les chausse-trapes les plus inattendues. Néanmoins ce furent de brillantes danses agrémentées des chansons des guides et des porteurs. Andenmatten, notre second guide, était même pourvu d’un étrange chalumeau, étonnant instrument, dont il tirait avec son souffle puissant toute une musique de danse et autres mélodies des plus variées. La fête se termina par la discussion habituelle sur le temps du lendemain, et nous nous retirâmes dans nos couvertures pour essayer d’y dormir. Mais la couche était dure et