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LE COL DU LION

expédient de ficher un pieu dans la neige du sommet et d’y fixer soixante mètres de corde, les difficultés près du col furent facilement évitées. Eu égard au temps exceptionnellement beau de 1881, la neige de la partie supérieure du couloir se trouvait en bien meilleure condition, et il paraît n’avoir été rencontré aucune difficulté vraiment sérieuse par la caravane jusqu’à mi-descente. Mais la même cause qui avait rendu la partie supérieure si facile avait grandement accru les difficultés de la partie inférieure. Le beau temps avait dépouillé de neige la glace et n’avait laissé qu’une pente lisse balayée par les pierres. Heureusement les grimpeurs purent se réfugier sur une petite tablette de roc où ils furent jusqu’à un certain point à l’abri de la grêle de balles et de boulets que déchargeait la montagne ; après une terrible nuit, ils purent le lendemain matin atteindre sains et saufs le Glacier de Tiefenmatten.

Un autre passage, un seul autre, a eu lieu depuis ; en cette occasion, M. Kuffner, avec Alex. Burgener et Kalbermatten, l’effectuèrent de Zermatt au Breuil, mais je n’ai pas eu de détails à ce sujet. Il est possible que l’expérience acquise par Burgener lui ait fait éviter certaines des difficultés que nous y avions rencontrées. Je ne pense pourtant pas que, dans n’importe quelle condition, ce col soit jamais facile.