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plus tard, lundi matin, la chose nous fut expliquée. À notre arrivée à la station, nous trouvâmes deux domestiques, l’un avec un gilet rouge, et l’autre avec un gilet jaune. Ils nous dirent tous deux qu’ils venaient de recevoir par le télégraphe l’ordre d’aller au-devant de nous avec les voitures. Ma femme était toute confuse ; quant à moi, je pensais à part moi : que diraient Busselinck et Waterman s’ils voyaient ça, c’est-à-dire s’ils voyaient ces deux voitures n’attendant que nous, moi, ma femme et ma fille.

Ce n’était pas une petite affaire de se décider ; je ne voulais à aucun prix blesser l’une des parties en ne tenant pas compte de son aimable attention.

Il y avait l’embarras du choix ; mais, comme toujours, j’ai fini par me bien tirer de ce pas difficile. J’ai fait monter ma femme, et Marie dans la voiture rouge, — c’est à dire, au gilet rouge, — et je me suis étalé dans la jaune, — c’est à dire dans la voiture au gilet jaune.

Comme les chevaux allaient bon train, dans la rue de Weesp, où il fait toujours si sale, la boue se mit à rejaillir contre les maisons.

Et voyez si le diable ne se mêle pas d’un tas de choses, qui ne le regardent pas !

Qui passe à côté de nous ?

Ce gredin d’Homme-au-châle. Il marchait la tête basse.

De loin, je le vis nettoyer, avec la manche de sa petite redingote rapée, les éclaboussures qui avaient jailli sur son pâle visage.

Je ne me rappelle pas avoir fait, de ma vie, une excursion si amusante !

C’était bien aussi l’avis de ma femme.