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découvrir une conspiration dans le pays de Mandheling, dans laquelle Jang di Pertouan se trouvait fortement compromis. Il ne s’agissait de rien moins que de lever l’étendard sacré de la révolte, et de massacrer tous les Européens.

Cette conspiration venait d’être découverte à Natal, naturellement.

Je dis : naturellement, parce que dans les provinces limitrophes, on est toujours mieux renseigné sur l’état des choses, que sur le lieu même.

Tout individu, qui, dans son propre pays, recule devant la révélation d’un attentat à lui connu, de peur de déplaire à un chef qui y serait impliqué, surmonte parfois cette crainte, en se trouvant sur un terrain où ce chef-là n’a aucune influence.

Voilà pourquoi, mon cher Dipanon, je ne suis pas étranger aux affaires de Lebac. J’étais assez bien informé, comme vous l’avez vu, de tout ce qui se passait ici, avant d’avoir jamais songé à y être envoyé ou placé un jour.

En 1846, j’étais dans la contrée de Krawang, et j’ai parcouru toute celle de Preanger, où j’avais déjà rencontré, en 1840, des émigrés de Lebac.

Aussi, y ai-je lié connaissance avec quelques propriétaires de terrains privés, dans la région de Buitenzorg, aux environs de Batavia ; et je sais pertinemment que, de longue date, ces propriétaires se réjouissent du mauvais état de ce district, cette émigration peuplant leurs terres et leurs possessions.

C’est de cette façon là aussi que l’on découvrit, à Natal cette conspiration, qui, — si elle a existé, je n’en sais absolument rien, — a fait passer Jang di Pertouan pour un traître.

Suivant les déclarations de témoins, interrogés par